Bonaventure

Laurie-Anne Cloutier

Louisiane, 15 mois

Je suis conseillère en gestion de la qualité dans le réseau de la santé. J’ai quitté Montréal avec ma famille pour déménager en Gaspésie en octobre 2019 durant mon congé de maternité. Mon conjoint s’appelle Joseph St-Denis Boulanger et il démarre une entreprise dans la région. Notre fille s’appelle Louisiane et elle a 15 mois.

Pour la première fois depuis plusieurs mois, je commence à mieux respirer. Nous avons enfin trouvé une place en garderie dans un milieu familial non subventionné. Aujourd’hui est la première journée complète de notre fille. Faute de place à proximité, nous avons accepté de nous déplacer à 30 minutes de voiture de la maison et de nous séparer le total de 2 heures de route par jour. Ayant décidé de nous installer dans cette belle région pour une meilleure qualité de vie, je réalise que faire autant de route dans une journée va à l’encontre des choix que nous avons faits il y a plus de deux ans et qui nous ont menés ici. On se dit qu’au moins, elle se retrouve dans un milieu de qualité et nous avons ainsi l’esprit tranquille.

J’ai toujours su que trouver une place en garderie était difficile, mais jamais je n’avais entendu parler d’une mère qui ne pouvait retourner travailler après son congé en raison d’une absence de place en garderie. Nous n’avions jamais pensé que ceci serait le plus grand défi de notre intégration comme nouveaux arrivants dans cette région, parmi la recherche d’un logement, trouver un emploi et se faire un nouveau cercle social.

Les impacts psychologiques de cet enjeu sur notre famille en raison des démarches menées à répétition en vain, dans les derniers mois, sont nombreux : stress, découragement, perte de motivation, isolement, fatigue, irritabilité, désespoir et déprime.

Les impacts financiers sont évidemment aussi importants. Dans notre cas, mon conjoint étant en démarrage d’entreprise, nous vivons uniquement de nos économies. Ne pas pouvoir retourner travailler dans un contexte régional de pénurie de main-d’œuvre me semble d’autant plus absurde.

Le manque de places en garderie est clairement la cause fondamentale de plusieurs problèmes. On connaît les besoins qui sont compilés dans la liste d’attente de la Place 0-5 ans. Il est grand temps que cet enjeu devienne une priorité si l’on souhaite vraiment revitaliser l’économie de la région et soutenir les familles d’ici et celles qui décident de s’y installer. Il faut faire preuve d’innovation et agir rapidement afin de diminuer l’exacerbation de ce problème sur nos communautés.